Santa Cruz de Mompox
Avril 2021
« Mompox n’existe pas, parfois nous rêvons d’elle, mais elle n’existe pas »
Ces mots, Gabriel Garcia Márquez les prête à Simon Bolivar, le libérateur de la Colombie qui y a fait de nombreux séjours !
Une modification naturelle du cours du fleuve Magdalena a isolé petit à petit la ville et rendu son accès de plus en plus difficile au fil des siècles ce qui peut expliquer cette phrase. Aujourd’hui, la ville est toujours enclavée entre les deux bras du fleuve contribuant à la figer dans le temps pour notre plus grand plaisir.
Nous devons pour la rejoindre tracer un bout de diagonale à travers le pays et, comme à chaque fois que l’on quitte l’axe nord-sud, notre moyenne kilométrique s’effondre. Cette fois pourtant ce n’est pas une cordillère qui nous ralentit : nous roulons à moins de 50 mètres d’altitude. Mais dès que nous quittons la quatre-voies, la route goudronnée qui est déjà dans un état assez lamentable cède souvent la place à une piste chaotique et poussiéreuse, le tout sous une chaleur accablante. Elle est construite sur une digue le long du rio Magdalena et traverse des zones inondables donc les villages sont rares. Un petit arrêt à El Banco nous donne un aperçu de l’ambiance des bords du fleuve …
A l’approche de Mompox, les habitations et la population ont complètement changé par rapport aux régions que nous venons de traverser : on se croit carrément en Afrique !
Et ce n’est pas la musique de « LA » chanteuse locale, Toto la Momposina, qui me contredira …
La Candela Viva
Après quatre heures de route, nous arrivons à Mompox : il fait 40° à l’ombre dehors et un peu plus dans Trottinette. On n’imagine pas bivouaquer par cette chaleur et nous nous installons pour deux nuits à l’hôtel Roberto Nieto. La chambre est simple mais possède l’air conditionné que nous réglons à 28° : quand on vient de l’extérieur, on a l’impression de rentrer dans un frigo, quand on sort, de pénétrer dans un hammam !
L’hôtel se situe à un endroit stratégique : sur la « albarrada », la digue qui sert de promenade piétonne au bord du fleuve. Pas de voitures, seulement les promeneurs qui longent le fleuve à la recherche d’un peu de fraicheur.
Ces photos ont été prises tôt le matin. Dans la journée et le soir c’est beaucoup plus animé avec les touristes, les bars et les petits marchands …
Idéalement placés, nous nous adaptons au climat et privilégions de courtes sorties entre deux douches ou séances de clim, car dehors c’est la fournaise. Mais c’est si bon de déambuler dans les rues pour observer ces maisons coloniales, parfois splendides et grandes ouvertes pour laisser admirer leur riche intérieur …
Avant de quitter Mompox, nous passons la matinée sur une barge qui remonte le fleuve sur quelques kilomètres. Mompox vue du fleuve, transports d’une rive à l’autre (il n’existe pas de pont), extraction artisanale de sable …rien de très spectaculaire dans cette balade au fil de l’eau mais au moins nous y gagnons un peu de fraicheur !
Quelques images en compagnie de Toto la Momposina ?
El Pescador
Le saviez-vous ?
Mompox n’a pas toujours été une belle endormie !
Fondée en 1540, la ville était jadis un important carrefour commercial de Colombie, car le rio Magdalena la reliait à Carthagène des Indes sur la côte caraïbe. Elle a ainsi joué un rôle important dans la colonisation espagnole du nord de l’Amérique du Sud.
Mompox fut aussi la première ville à s’émanciper de l’emprise espagnole, en 1810. Elle accueillit d’ailleurs à plusieurs reprises le célèbre libérateur Simon Bolivar. La ville a donc joué un rôle clé dans la colonisation espagnole du nord de l’Amérique du Sud.
Aujourd’hui elle vit du tourisme et accueille chaque année un important festival de jazz. Cette musique est très présente dans les bars de la ville ce qui nous change des habituelles cumbia, salsa, merengue …
Le top : tous les bords de grands fleuves dégagent une certaine magie et Mompox n’y échappe pas.
Le fleuve fait partie intégrante de la cité et offre un spectacle permanent : on y transporte gens et marchandises, on s’y baigne en lavant son linge ou son vélo …
On peut même y voir une bande de vautours s’offrir un bon repas au fil de l’eau sur le cadavre d’une vache à la dérive !
Le flop : pour nous, Semana Santa égale double peine !
Mompox surnommée « La Tierra de Dios » est un lieu éminemment religieux. Les festivités de Pâques comptent parmi les plus réputées du pays et à cette occasion de nombreuses processions traversent la ville. Nous arrivons juste au bon moment …mais à cause de la pandémie, toutes les manifestations publiques sont annulées.
Les « nazarenos » se rendent bien dans les nombreuses églises de la ville et des orchestres y jouent, mais … à guichet fermé. Nous n’apercevrons que quelques bribes de ce spectacle …
Par contre, en cette période, tous les prix des hôtels, restaurants … sont doublés voire triplés.
Et ça nous en bénéficions !
L’anecdote : Nous avons un peu trainé à Ocaña avant de prendre la route en direction de Mompox, sans avoir prévu de point de chute. La nuit commence à tomber alors que nous descendons dans la plaine dans un flot de camions aux allures d’escargot. Il n’y a aucun moyen de s’arrêter dans la montagne et nous poursuivons jusqu’à la première station-service qui présente un peu d’espace plat.
Pas génial comme bivouac mais ça fera l’affaire …
Je vais négocier avec le patron qui me propose de nous installer sur le parking derrière la station. Je suis sur le point d’accepter son offre mais un petit détail me chagrine : il tient à la main une carabine !
Quand je lui demande pourquoi, il m’explique que c’est à cause des « bandidos » !
Ce n’est guère rassurant et finalement nous poursuivons dans la nuit jusqu’au premier petit village, Villa San Andres. Au bout du barrio, à l’écart de la route, nous nous arrêtons dans une petite rue près de la maison d’une famille charmante et très accueillante.
Nous passons la soirée dehors à guetter un hypothétique souffle d’air frais en compagnie de Luis Jose, Luis Alejandro, Valentina et bien d’autres, les gamins du coin, à la curiosité insatiable. Il fait très chaud mais nous nous sentons en toute sécurité …
Le bestiaire : à quelques pas de l’hôtel comme tout le long des berges du rio Magdalena vivent de nombreux iguanes assez peu farouches. Avec leur longue queue, certains dépassent largement la taille d’un mètre …
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