Maroc 2023 : de Marrakech à Ceuta par l’Atlas …
Du 17 au 25 mars 2023.
Après l’Anti-Atlas, pour finir la revue des montagnes marocaines avant de regagner l’Europe, nous abordons le Haut puis le Moyen Atlas. Et, pour en finir, un petit coup d’œil sur le Rif …
La carte est interactive : vous pouvez zoomer et la déplacer à votre guise ...
Si nous sommes allés à Marrakech, ce n’est pas pour visiter la ville, nous l’avons fait déjà à plusieurs reprises, mais pour passer chez le concessionnaire Mercedes. Le Sprinter méritait une petite inspection après ce que nous lui avons fait subir, en Mauritanie notamment. Bonne nouvelle : aucun souci n’est détecté, mais je fais faire avec un peu d’anticipation la révision complète. Le travail est très professionnel et la facture assez douce vu que la main d’œuvre est trois fois moins chère qu’en France !
Cela fait, nous prenons la direction du Haut-Atlas jusqu’à Aït Ahmed où nous bivouaquons auprès de vieux caroubiers, à l’écart du village. Pas assez, car vers 21 heures, un représentant du caïd, arguant de notre sécurité, vient nous demander d’aller coucher au village près de la gendarmerie. Cette fois je reste ferme et finalement il nous laisse tranquilles. Vu le coin nous ne serons pas dérangés par les voisins …
Le lendemain matin nous voyons plusieurs taxis bien chargés se diriger vers le village …
Nous en déduisons que c’est jour de souk à Aït Mahmed et retournons sur nos pas au village.
« Bingo !», c’est bien le souk, et un formidable spectacle nous attend.
De tous les environs, une foule d’éleveurs est venue avec chèvres et moutons …
Les négociations vont bon train entre vendeurs et acheteurs …
Les bêtes qui ont trouvé preneur sont amenées sans ménagement vers les camions et les pick-up de transport …
De l’autre côté du village, s’étend un grand souk traditionnel avec les fruits, les légumes, la viande et tout le bric à brac habituel …
Certains stands atteignent des sommets au niveau de l’hétéroclite : de la chaussure dépareillée au poulet en passant par les pièces de vélo, les vieux outils et bien d’autres choses encore cachées dans des sacs …
Vers midi, les premiers retours vers les villages s’organisent : on commence à s’entasser dans les camions …
Nous repartons nous aussi, pour une boucle dans la montagne en direction de la Cathédrale.
Routes et pistes nous mènent jusqu’à 2.800 mètres dans des paysages grandioses. La neige, tombée en abondance il y a quelques semaines, est encore présente …
Les paysages sont rudes avec une végétation rare et adaptée à l’altitude …
Pourtant des hommes vivent ici. Autour de leurs maisons de pierres à toit plat, les berbères cultivent toujours le moindre espace sur des terrasses aménagées au fil des siècles …
Nous faisons étape à Zaouia Ahansal (à 1.700 mètres), un village dominé par une grande kasbah …
Nous arrivons en même temps qu’une association caritative marocaine qui distribue des vêtements aux familles du village et des douars voisins, ce qui nous vaut d’apercevoir un joyeux défilé, chacun repartant avec ses présents …
Nous poursuivons notre route par une vallée plus verdoyante, avec de larges terrasses. Au-dessus des villages, les bergeries d’été, inoccupées en cette saison …
Une bonne piste de montagne nous mène à travers les pins d’Alep vers la Cathédrale d’Imsrane, une énorme paroi rocheuse de 600 mètres de hauteur, culminant à 1.872 mètres. On comprend facilement pourquoi elle a été ainsi surnommée …
La suite de la route, en direction du barrage de Bin el Ouidane, nous offre une série de beaux villages, de vieilles kasbahs et une symphonie de couleurs …
Nous trouvons un magnifique bivouac au bord d’un oued, avec pour seule visite un petit troupeau le matin …
Notre route continue par Aghbalou (jour de souk !) sur un plateau à 1800 m, entre Haut et Moyen Atlas. Nous laissons les sommets enneigés sur notre droite …
Nous voilà bientôt dans le Moyen-Atlas et, après le col du Zad, nous prenons la direction d’Azrou par de petites routes et pistes de montagne.
Le paysage, magnifique, est bien différent des jours précédents.
A 2.000 mètres règnent les cèdres multi centenaires, pouvant atteindre 40 m de hauteur …
Avec la fonte des neiges, se sont formés des ruisseaux et de petits lacs, les aguelmanes de printemps. Les plateaux sont très verts et on y croise de nombreux troupeaux …
Les éleveurs qui vivent ici, les Beni Mguil, sont des semi nomades qui viennent de revenir avec leurs bêtes pour profiter de ces beaux pâturages. Leurs habitations sont assez précaires et les planches de bois sur les toits sont désormais souvent remplacées par de la tôle voire des toiles plastique …
A deux reprises, nous rencontrons des singes magots, une race de macaque très présente dans les forêts, même si elle est parait-il en danger de disparition. L’un d’entre eux s’est même avisé de grimper sur la galerie du Sprinter …
Avant de redescendre dans la plaine, une petite parenthèse météorologique : voici les températures extrêmes relevées dehors et dans le Sprinter …
Chaudes journées, nuits fraiches !
Et comme j’ai condamné le chauffage en Mauritanie à cause des entrées massives de poussière par ses aérations, il n’y a rien de trop le matin !
Les températures sont plus clémentes à Fès qui est notre dernière étape d’importance durant ce long séjour au Maroc. Nous y arrivons le 1er ramadan 1444 dans le calendrier musulman (soit le 24 mars 2023 pour nous). C’est donc le premier jour du ramadan, avec une seule vraie conséquence pour nous : pas question de prendre un petit café en terrasse dans la journée ! Mais les étals regorgent de toutes les gourmandises marocaines qui seront dégustées le soir lors de la rupture du jeûne …
Quel plaisir de déambuler dans la médina pour admirer les petites boutiques et le raffinement de l’architecture locale …
Se perdre dans la médina réserve toujours son lot de surprises : par exemple, comme les ruelles sont très étroites, le gaz est livré par mule …
Pour compléter notre collection de palais du Glaoui (Marrakech, Telouet, Taliouine, Ouarzazate), nous visitons celui de Fès …
Puis, négligeant Chefchaouen et la côte méditerranéenne, nous rejoignons rapidement Ceuta, juste à temps pour sauter dans le ferry de 17h 30 à destination d’Algeciras.
C’est la fin de notre long séjour hivernal : après 21 semaines et près de 12.000 km parcourus au Maroc et en Mauritanie, il est temps de rentrer !
On the road again : le résumé en images des routes et pistes du moment …
Le saviez-vous ?
Au Maroc, surtout à la campagne, on voit souvent des hommes se tenir par la main (ou par le petit doigt). Rien d’équivoque : c’est une marque d’amitié, de bienveillance voire de respect, notamment envers un ainé …
Par contre si je prends la main de Nickie dans la rue, ça peut choquer !
Le flop : il y a des journées qui commencent mal !
En ce premier jour de ramadan nous roulons vers Fès quand nous sommes arrêtés par les gendarmes. J’ai négligé un panneau 60 et je roulais à 77 km/h. C’est ma première contravention en douze ans de Maroc (une performance tant les radars sont nombreux sur les routes). 150 dirhams d’amende !
Plus embêtant, un peu plus tard, dix mètres avant l’entrée du parking que nous visons près de la médina, un excité tente de me doubler dans un trafic intense. Un taxi arrive en face de lui … il se rabat brutalement pour l’éviter et défonce l’aile du Sprinter !
Le conducteur descend super excité, insulte tous les témoins qui l’accusent de sa faute de conduite et je dois m’interposer pour qu’il n’en vienne pas aux mains. Il faudra plusieurs minutes et l’arrivée de la police pour qu’il se calme. Là il reconnait son erreur et semble abattu …
Par chance c’est une voiture de société, bien assurée et un « constateur » est appelé. Il faudra bien deux bonnes heures et quelques péripéties, sous un soleil de plomb, pour régler la situation (ma carte verte d’assurance est périmée, la bonne est dans ma boite aux lettres à la maison !).
Reste à réparer au moins sommairement mon aile pour poursuivre le voyage.
C’est là qu’il est bon d’être au Maroc : le « constateur » me guide chez un carrossier et le persuade de réparer immédiatement alors qu’il ferme l’atelier dans la perspective de la rupture de jeûne. La réparation sera rapide, efficace et bon marché.
C’est mon premier accident depuis environ quarante ans lorsqu’en allant conduire Guillaume au collège, j’avais percuté l’arrière de la voiture … de son prof de math !
Le top : dans tout malheur il y a du bon. Mustafa, le carrossier qui a réparé l’aile du Sprinter nous demande de repasser le lendemain matin pour la facture. Comme nous objectons que nous devons quitter Fès, où il n’y a pas de camping, pour trouver un endroit pour dormir, il nous invite à venir chez lui !
Nous recevons un accueil formidable de toute sa maisonnée et, en ce premier jour de ramadan, nous sommes invités à partager le « ftour », le repas de rupture de jeune.
Les femmes ont préparé la « harira », la soupe traditionnelle et toutes sortes d’autres friandises salés ou sucrés : boureks, pastillas, briouates, msmènes … et j’en oublie !
Un formidable moment de partage avec cette famille adorable.
Après avoir bien fait honneur à tous ces plats, nous demandons à nous retirer (eux vont prendre un autre repas vers minuit !) et bien sûr il insiste pour que nous dormions dans le salon. Mais la perspective d’être réveillés vers cinq heures du matin pour leur dernier repas avant le jeune de la journée nous fait refuser lâchement cette offre.
Comme Mustafa habite dans un quartier populaire aux rues très étroites, il nous trouve un petit emplacement non loin de chez lui, dans une rue un peu plus large (assez large pour que les gamins du quartier y jouent au foot auprès du camion jusqu’à minuit !).
L’anecdote : il y a longtemps que les marocains ont inventé le parking de co-voiturage.
Sous une forme locale : pour aller au souk d’une bourgade proche, les gens des douars viennent avec leur âne jusqu’à la route pour prendre les transports collectifs.
Ainsi, quand nous voyons un petit rassemblement d’ânes sur le bas-côté, nous savons que c’est jour de souk à la prochaine petite ville …
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